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Conférence de Paris sur le Proche-Orient : un échec diplomatique

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Le 15 janvier dernier à l’initiative de la France, une conférence pour la paix au Proche-Orient s’est tenue à Paris. Plus de soixante-dix pays et organisations internationales ont répondu présent pour discuter du conflit israélo-palestinien, et pour réaffirmer l’engagement de la communauté internationale pour la solution des deux États. Comme l’avait affirmé le Ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault ; «Nous sommes ici pour redire avec force que la solution des deux États est la seule possible ». Au-delà de cette visée symbolique, le bilan de cette conférence est mitigé.

Le Ministre des affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault, et le Président de la république François Hollande, après que ce dernier se soit adressé aux représentants des pays conviés, le 15 janvier 2017.

Par le passé, de telles conférences internationales, organisées pour dynamiser le processus de paix entre israéliens et palestiniens, avaient débouché sur un véritable succès diplomatique. La Conférence de Madrid de 1991 avait lancé un cycle compréhensif de négociations. En parallèle, des réunions secrètes avaient eu lieu, et avaient abouti sur les Accords d’Oslo (1993). En 2007, la conférence d’Annapolis avait remis en avant la volonté de mettre fin au conflit. A cette occasion, Israël et la Palestine, avaient officiellement accepté la « solution des deux États », et le projet « Roadmap for peace » (littéralement « Plan pour la paix » en français).

Comment expliquer que la conférence de Paris ne soit pas parvenue à être aussi constructive ?

Le principal élément qui a  fait défaut à la conférence est l’absence des deux principaux concernés. Les diplomates israéliens ayant critiqué l’initiative dès son origine. Benyamin Netanyahou avait qualifié le sommet de « futile ». Paris a donc préféré n’inviter aucun des deux côtés. Pour cette raison, le Ministre de l’éducation israélien, Naftali Bennett, a comparé la conférence de Paris à « un mariage sans mariés ». A cause de cette non-implication d’Israël et de la Palestine, le texte publié à l’issu de cette journée de discussion n’a pas eu un grand impact.

En organisant cette conférence, les organisateurs ont oublié un des requis nécessaires à chaque effort diplomatique : l’avis des protagonistes directement impliqués dans le conflit doit être pris en compte si on veut que le processus progresse. En outre, à terme, ces échecs pourraient décourager Israéliens et Palestiniens, et les persuader que la diplomatie internationale ne sera véritablement d’aucune aide pour résoudre leurs problèmes. Or, celle-ci pourrait s’avérer essentiel pour fournir un cadre neutre pour des négociations.

La conférence de Paris a donc manqué sa cible au Proche-Orient.  Toutefois, on peut se demander si  la communauté internationale n’en avait pas une autre en tête pendant cette journée.

La véritable cible des parties présentes à la conférence serait à Manhattan, et non pas au Proche-Orient. A moins d’une semaine de l’investiture du nouveau Président des États-Unis, l’ombre de Donald Trump a plané sur la conférence. Il a été « l’éléphant dans la pièce » (pour reprendre l’expression anglo-saxonne « elephant in the room ») auquel tous pensaient, mais que personne n’a mentionné directement. Personne ne sait comment le Président élu va approcher le conflit israélo-palestinien. Son avis sur le sujet est loin d’être clair. Cela n’empêche pas le Premier ministre israélien de penser que D. Trump va soutenir Israël sur de nombreux dossiers, notamment sur la question des colonisations. La communauté internationale a donc réaffirmé son unité sur le sujet, pour mettre en garde D. Trump, et l’empêcher de prendre des décisions unilatérales dans la région.

En somme, ce sommet peut être vu comme un rappel de l’urgence de trouver une solution au conflit. Mais aussi comme une volonté de faire bloc face à l’imprévisibilité menaçante que représente la future présidence de D. Trump. Cependant, cette unité semble être une façade, étant donné que le Royaume-Uni a refusé de signer la déclaration finale. Même si les parties doivent se réunir de nouveau en juin, il ne semble pas que la conférence soit parvenue à relancer un processus dynamique de négociation.

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